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[livres] La Bêtise économique (Editions Perrin)

14 Juin 2008, 11:26 Livres & DVD

Résumé
     
LU-Danone, Metaleurop Nord et Lassalle-Toyal : trois " affaires ", trois récits racontés par les médias avec l'émotion de la fiction, trois histoires d'usines, trois batailles d'acteurs qui comptent peu de points communs.

Et pourtant. Côté pile, chacune, comme l'une des pièces d'un même puzzle, illustre les nouvelles relations, tumultueuses et complexes, que les médias, les politiques et l'opinion entretiennent avec les entreprises. Leur étude minutieuse, à partir de sources souvent méconnues, montre que les crises d'entreprise ne se réduisent pas à un spectacle bien mis en scène... Côté face, ces trois histoires, si semblables par les drames humains qu'elles provoquent dans des régions d'où l'industrie s'éloigne, cachent en effet les mêmes luttes de pouvoir politique, la même consommation médiatique de l'événement et les mêmes difficultés de la " puissance publique " à affirmer des stratégies industrielles locales ou nationales.

Ce livre décrypte les mythes de l'entreprise qui encombrent les imaginaires, dans leur façon de penser l'industrie et la finance, le social et le marché. II cherche à nuire, ne serait-ce qu'un peu, à la bêtise économique.

Sommaire

     
-Jeux de pouvoir en cuisine ; L'affaire LU-Danone
-Des silences de plomb ; L'affaire Metaleurop Nord
-Prise d'otages en Béarn ; L'affaire Toyal-Lassalle
-La parole est à la défiance ; autopsie de trois affaires exemplaires

Les Auteurs
     
Catherine Malaval est docteur en histoire (EHESS), spécialiste de la communication d’entreprise, auteur de nombreux livres d’histoire d’entreprise (Zodiac, L’Alsacienne, Banques Populaires, etc.) et de La Presse d’entreprise au XXe siècle. Editrice d’ouvrages consacrés aux histoires d’Essilor, de Renault-Flins, de Sofinco, de l’INPI, d’Aéroports de Paris ou de Lesaffre, elle dirige les éditions de l’agence de communication LoweStrateus. Elle est par ailleurs conseiller littéraire, collection Entreprises, des Editions Perrin. Elle est consultante auprès d'organisations économiques, préside aujourd'hui la société de conseil Equancy & Co.

Robert Zarader est docteur en économie, spécialiste de la communication d’entreprise, ancien directeur du Centre de recherche en économie industrielle (CREI) de l’université Paris XIII. Consultant auprès d’organisations françaises et internationales, il a dirigé plusieurs agences de communication institutionnelle, avant de créer, en 2008, au sein du groupe Equancy, la société de conseil Equancy &Co, qu‘il préside aujourd‘hui.     

Titre :  La Bêtise économique
Auteur : Catherine Malaval, Robert Zarader
Editeur : Perrin
Prix éditeur      : 14,80 €

LE BLOG DE L'OUVRAGE :
http://labetiseeconomique.wordpress.com


LIRE DES EXTRAITS :

Quand l’opinion publique, les politiques et les acteurs du monde industriel perdent toute raison économique.
En 2001, une fuite dans la presse, annonçant un plan social, entraîne l’entreprise LU-Danone, l’entreprise préférée des Français, dans une vaste tourmente médiatique et politique, parachevée quelques mois plus tard à peine par la plus grosse opération de boycott jamais vue en France. A peine révélée par la presse, l’affaire LU devient avant tout l’affaire Danone. L’entreprise et la marque se confondent pour finir prisonnières d’un jeu d’acteurs et de pouvoirs qui s’affranchit très vite de la raison économique et industrielle.
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En 2005, l’entreprise Metaleurop Nord, sacrifiée sur l‘autel d‘une gestion industrielle internationale des affaires peu soucieuse de l‘écologie, de l’histoire et des hommes, donne tout son sens à l‘expression alors abstraite « patrons voyous ». L’affaire Metaleurop Nord devient avant tout l’affaire de Noyelles-Godault. Metaleurop SA, sa maison-mère, et Glencore, son actionnaire, transforment cette affaire de désindustrialisation et de plan social en une affaire purement juridique et financière.
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En 2006 enfin, l’entreprise japonaise Toyal, ignorant toute raison économique et écologique sous la pression d’un député en grève de la faim, accepte de ne plus se développer ailleurs que dans une vallée pourtant devenue trop étroite. L’affaire Toyal devient avant tout l’affaire Lassalle. Toyal disparaît même du rôle titre de l’histoire, l’entreprise est effacée au bénéfice d’une fiction mise en scène en temps réel par le député Jean Lassalle dans la salle des Quatre-Colonnes de l’Assemblée nationale.
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Hasard de l’histoire ou non? En 2007, chacune de ces trois entreprises a repris la main sur l’écriture d’une histoire qui lui avait un moment échappé. A peine terminé le plan social, Danone a vendu LU à Kraft Foods. A peine signé l‘accord de développement local, Toyal a annoncé regarder du côté de l’Europe de l’est pour créer hors de France ce que Jean Lassalle l’avait empêché de créer à Lacq. Presque terminés les procès pour Metaleurop, que l‘entreprise a changé de nom pour devenir Recylex et se faire une nouvelle virginité dans le secteur du recyclage.
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Comprendre comment et pourquoi est née l’affaire LU ? Comment a-t-elle soudainement cristallisé tous les maux et toutes les impuissances, l’Etat qui ne pourrait pas tout, les licenciements boursiers, etc. ? Comment a-t-elle fait naître une conscience nouvelle de l’opinion ? Comprendre comment l’affaire Lassalle a d’abord occulté la non-affaire Toyal? Comment une entreprise peut-elle être dépossédée de sa propre stratégie? Comprendre comment et pourquoi est née, ou paradoxalement est morte née, l’affaire Metaleurop ? 
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PAGE 20, EXTRAIT : (…) En 2001, Le Monde a beaucoup évolué et succombe plus naturellement à la recherche du scoop ; son service Entreprise traverse une situation complexe, sa direction se trouvant « très fortement » influencée par Laurent Mauduit, une des sources originelles de la révélation du passé trotskyste de Lionel Jospin et pourfendeur de la « trahison jospinienne » et la « nouvelle économie du Parti socialiste ». Il mène d’importants réquisitoires contre les abandons successifs de la gauche au pouvoir et dénonce l’idée d’un ”pacte honteux avec le marché” (Le Monde, 6 avril 2001). L’affaire LU est une belle opportunité pour atteindre avec la même flèche la « deuxième gauche » et Lionel Jospin, ce Premier ministre qui, deux ans plus tôt à propos de l’affaire Michelin, déclarait « l’Etat ne peut pas tout ». (…)

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PAGE 52, EXTRAIT : (…) A la différence des histoires de Danone et de Toyal, celle de Metaleurop démontre les difficultés d’expression et de discernement de l’opinion, dès lors que médias et politiques ne créent pas l’événement médiatique ou pas au bon moment. Metaleurop, c’est une histoire de non-dits et de contre-temps, qui aurait dû devenir « affaire », bien avant qu‘il ne soit plus possible de ne rien faire. Metaleurop, c’est une histoire de dissimulations, de dérobades et de dupes, une longue suite de silences complices et coupables, une chape de plomb qui n’est pas seulement celle du bassin minier, mais celle qui cache la vérité des drames qui s’y jouent. Tout le monde le sait, les études sont publiques, Metaleurop c’est un siècle de présence et de pollution, de menaces sur l’environnement, la santé des salariés, des habitants et leurs enfants, mais au nom d’une raison supérieure, l’emploi et l’économie structurée autour du site de Noyelles-Godault, un fleuron industriel local et national, ce n’est pas le sujet, ce ne l’est même pas devenu quand, au début des années 2000, après le sommet de Johannesburg, les lobbyes et l’opinion publique ont reconnu, en France et dans le monde, l’impératif écologique, quand également, de plus en plus de dossiers liés à des maladies professionnelles, l’amiante particulièrement, sont venus devant les tribunaux. Trop tard.(…)

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PAGE 125, EXTRAIT : (…) A Paris, au Ministère de l’Economie, où le dossier était géré par le cabinet de François Loos, la grève de la faim de Jean Lassalle est une curiosité peu prise au sérieux. « Soit c’est un malentendu, soit c’est un procès d’intention, mais les craintes de Jean Lassalle ne reposent sur aucun élément objectif », remarque-t-on dans l’entourage de Thierry Breton à la fin mars. En pleine préparation de bagarres présidentielles à la tête de l’UMP et au sein du gouvernement, alors que la crise du CPE atteint son paroxysme, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin trouvent là cependant un autre terrain de confrontation, après une courte période d’hésitation. (…)
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PAGE 181, EXTRAIT : (…) La première vertu du patriotisme économique est de détourner le regard de l’opinion du désengagement de l’Etat et de la passivité coupable des Pouvoirs publics, comme dans l’affaire Metaleurop. C’est une production politique qui masque avant tout l’incapacité presque permanente à agir sur l’entreprise ou dans son environnement, au moment où cela s’avère nécessaire. L’Etat velléitaire prend souvent le pas sur l’Etat efficace, ce n’est là que la traduction institutionnelle de la difficulté de l’action politique sur l’économie à tous les niveaux, locaux, nationaux et européens. Dans un monde industriel qui lui échappe, de dérégulation en privatisation, de la mondialisation en désengagements publics, tout est fait pour justifier une forme d’abdication du politique face à l’économique. (…)

 


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