LU-Danone, Metaleurop Nord et Lassalle-Toyal : trois " affaires ", trois récits racontés par les médias avec l'émotion de la fiction, trois histoires d'usines, trois batailles d'acteurs qui comptent peu de points communs.
Et pourtant. Côté pile, chacune, comme l'une des pièces d'un même puzzle, illustre les nouvelles relations, tumultueuses et complexes, que les médias, les politiques et l'opinion entretiennent avec les entreprises. Leur étude minutieuse, à partir de sources souvent méconnues, montre que les crises d'entreprise ne se réduisent pas à un spectacle bien mis en scène... Côté face, ces trois histoires, si semblables par les drames humains qu'elles provoquent dans des régions d'où l'industrie s'éloigne, cachent en effet les mêmes luttes de pouvoir politique, la même consommation médiatique de l'événement et les mêmes difficultés de la " puissance publique " à affirmer des stratégies industrielles locales ou nationales.
Ce livre décrypte les mythes de l'entreprise qui encombrent les imaginaires, dans leur façon de penser l'industrie et la finance, le social et le marché. II cherche à nuire, ne serait-ce qu'un peu, à la bêtise économique.
Sommaire
-Jeux de pouvoir en cuisine ; L'affaire LU-Danone
-Des silences de plomb ; L'affaire Metaleurop Nord
-Prise d'otages en Béarn ; L'affaire Toyal-Lassalle
-La parole est à la défiance ; autopsie de trois affaires exemplaires
Les Auteurs
Catherine Malaval est docteur en histoire (EHESS), spécialiste de la communication d’entreprise, auteur de nombreux livres d’histoire d’entreprise (Zodiac, L’Alsacienne, Banques Populaires, etc.) et de La Presse d’entreprise au XXe siècle. Editrice d’ouvrages consacrés aux histoires d’Essilor, de Renault-Flins, de Sofinco, de l’INPI, d’Aéroports de Paris ou de Lesaffre, elle dirige les éditions de l’agence de communication LoweStrateus. Elle est par ailleurs conseiller littéraire, collection Entreprises, des Editions Perrin. Elle est consultante auprès d'organisations économiques, préside aujourd'hui la société de conseil Equancy & Co.
Robert Zarader est docteur en économie, spécialiste de la communication d’entreprise, ancien directeur du Centre de recherche en économie industrielle (CREI) de l’université Paris XIII. Consultant auprès d’organisations françaises et internationales, il a dirigé plusieurs agences de communication institutionnelle, avant de créer, en 2008, au sein du groupe Equancy, la société de conseil Equancy &Co, qu‘il préside aujourd‘hui.
Titre : La Bêtise économique
Auteur : Catherine Malaval, Robert Zarader
Editeur : Perrin
Prix éditeur : 14,80 €
LE BLOG DE L'OUVRAGE :
http://labetiseeconomique.wordpress.com
LIRE DES EXTRAITS :
Quand l’opinion publique, les politiques et les acteurs du monde industriel perdent toute raison économique.
PAGE 20, EXTRAIT : (…) En 2001, Le Monde a beaucoup évolué et succombe plus naturellement à la recherche du scoop ; son service Entreprise traverse une situation complexe, sa direction se trouvant « très fortement » influencée par Laurent Mauduit, une des sources originelles de la révélation du passé trotskyste de Lionel Jospin et pourfendeur de la « trahison jospinienne » et la « nouvelle économie du Parti socialiste ». Il mène d’importants réquisitoires contre les abandons successifs de la gauche au pouvoir et dénonce l’idée d’un ”pacte honteux avec le marché” (Le Monde, 6 avril 2001). L’affaire LU est une belle opportunité pour atteindre avec la même flèche la « deuxième gauche » et Lionel Jospin, ce Premier ministre qui, deux ans plus tôt à propos de l’affaire Michelin, déclarait « l’Etat ne peut pas tout ». (…)
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PAGE 52, EXTRAIT : (…) A la différence des histoires de Danone et de Toyal, celle de Metaleurop démontre les difficultés d’expression et de discernement de l’opinion, dès lors que médias et politiques ne créent pas l’événement médiatique ou pas au bon moment. Metaleurop, c’est une histoire de non-dits et de contre-temps, qui aurait dû devenir « affaire », bien avant qu‘il ne soit plus possible de ne rien faire. Metaleurop, c’est une histoire de dissimulations, de dérobades et de dupes, une longue suite de silences complices et coupables, une chape de plomb qui n’est pas seulement celle du bassin minier, mais celle qui cache la vérité des drames qui s’y jouent. Tout le monde le sait, les études sont publiques, Metaleurop c’est un siècle de présence et de pollution, de menaces sur l’environnement, la santé des salariés, des habitants et leurs enfants, mais au nom d’une raison supérieure, l’emploi et l’économie structurée autour du site de Noyelles-Godault, un fleuron industriel local et national, ce n’est pas le sujet, ce ne l’est même pas devenu quand, au début des années 2000, après le sommet de Johannesburg, les lobbyes et l’opinion publique ont reconnu, en France et dans le monde, l’impératif écologique, quand également, de plus en plus de dossiers liés à des maladies professionnelles, l’amiante particulièrement, sont venus devant les tribunaux. Trop tard.(…)